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Économie : L’Afrique accorde trop d’exonérations d’impôt aux entreprises étrangères qui puissent des ressources africaines sans payer l’impôt en Afrique – Mplus

Économie : L’Afrique accorde trop d’exonérations d’impôt aux entreprises étrangères qui puissent des ressources africaines sans payer l’impôt en Afrique

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Première institution financière du continent, la Banque africaine de développement (BAD), qui vient de porter son capital à 318 milliards de dollars et qui lance sa nouvelle stratégie décennale, plaide -entre autres- pour une plus grande implication du secteur privé dans le développement régional.

« Aujourd’hui, nous sommes trop généreux en Afrique, lorsque nous accordons des exonérations d’impôt aux entreprises. Aux Etats-Unis, au Canada ou ailleurs, ce type de situation n’existe pas. Il ne faut pas octroyer de telles exonérations. J’estime que toute entreprise qui travaille en Afrique et qui puise des ressources africaines doit payer l’impôt en Afrique ». Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, s’est ainsi exprimé face à la presse à l’issue des assemblées annuelles 2024 de l’institution à Nairobi, tenue avec une participation active de plusieurs chefs d’Etat dont William Ruto du Kenya, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Paul Kagamé du Rwanda ou encore Moussa Faki Mahamat de l’Union africaine.

En pleine célébration de ses 60 ans, l’institution créée le 10 septembre 1964 à Khartoum, vient également de lancer sa nouvelle stratégie décennale 2024-2033 qui vient renforcer les « High 5 » lancés en 2015 et qui se décline autour de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Si la nouvelle feuille de route ne déroge pas à sa tradition d’appuyer les actions des Etats, la Banque qui se dit « consciente du rôle essentiel du secteur privé dans la transformation de l’Afrique », entend « renforcer sa collaboration avec le secteur privé » africain et international au cours des dix prochaines années. Elle prévoit à cet effet de tripler ses opérations financières non souveraines à 7,5 milliards de dollars par an. Concrètement, cela devrait se traduire par une hausse de ses investissements dans les grandes, moyennes, petites et micros entreprises, ainsi que dans les chaînes de valeur.

La BAD veut prendre plus de risques

Pour d’ailleurs amplifier sa puissance financière, le conseil des gouverneurs de la BAD -dont la France et 14 autres pays européens sont membres- a approuvé l’augmentation de 117 milliards de dollars du capital de la Banque qui passe à 318 milliards de dollars. La deuxième opération du genre en cinq ans, puisque la dernière date d’octobre 2019 et portait le capital de la Banque à 201 milliards de dollars. « Le nouveau capital dont nous disposons nous permettra de prendre plus de risques, c’est-à-dire que notre appétit du risque va augmenter », a déclaré Akinwumi Adesina.

Le plaidoyer phare de la BAD en ce moment est la réforme de l’architecture financière mondiale, afin de permettre au continent de mobiliser les ressources nécessaires à son développement dans un contexte d’enjeux multiples, entre les tensions géopolitiques, l’inflation mondiale, la hausse des prix des matières premières et des aliments et les changements climatiques dont le continent se propose en solution pour la planète. Ces besoins se chiffrent à plus de 300 milliards de dollars par an. « L’Afrique devrait être au cœur de l’architecture financière mondiale », estime le président de la BAD. Ne cessant de rappeler que l’ordre financier mondial établi par les institutions de Bretton Woods à leur création n’ont pas tenu compte des intérêts du continent africain, le leader nigérian a tout de même félicité les quelques avancées de ces dernières années, notamment le fameux dossier des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI).

Financer le secteur privé local et attirer les financements privés

Mais en attendant que toutes ces initiatives aboutissent pleinement et servent les intérêts des pays africains, la BAD entend maximiser leur mise dans le secteur privé africain, afin de contribuer à la création ou la consolidation, selon les pays, d’un environnement économique qui attire davantage le financement privé international et surtout à de meilleurs taux. « Le secteur privé doit donc endosser un rôle critique, qu’il s’agisse de soutenir l’adaptation aux effets des changements climatiques, l’élargissement de l’accès des pays aux marchés des capitaux mondiaux, le financement des entreprises ou la fourniture d’infrastructures plus rentables dans le cadre de partenariats entre les secteurs public et privé », a expliqué Akinwumi Adesina. « Les financements publics ne suffisent pas, il faut optimiser le financement des banques multilatérales de développement et mobiliser des financements privés », a rétorqué Shanti Bobin, gouverneur provisoire pour la France à la BAD. Toutefois, le président de l’institution reconnaît les efforts à fournir sur le plan institutionnel : « nous devons être critiques envers nous-mêmes si nous souhaitons collaborer davantage avec le secteur privé. Nous devons être agiles, plus rapides et responsables ».

L’impôt des sociétés et son impact sur les conditions socio-éco

Parallèlement, les gouvernements africains doivent contribuer au financement de leur développement en mobilisant les ressources internes, en l’occurrence l’impôt. Mais le président de la BAD pose la question de savoir comment ces gouvernements pourront-ils être efficaces en la matière, si les entreprises étrangères qui investissent les marchés du continent ne payent pas l’impôt ou pour celles qui passent à la caisse, ne le font pas à hauteur de leurs activités ? « Un impôt est un contrat social entre une entreprise et le gouvernement. Les sociétés payent l’impôt et l’Etat fournit des services publics (électricité, eau, éducation, santé …) », a expliqué le leader nigérian, soulignant que cela permet également d’améliorer les conditions nécessaires à la bonne marche des affaires. Il reconnaît toutefois que d’autres problématiques comme la lutte contre les flux financiers illicites et la corruption sont également à adresser.

Globalement la croissance du PIB de l’Afrique devrait s’améliorer cette année pour atteindre une moyenne de 4%, selon les perspectives économiques de la BAD, même si ces résultats restent tributaires de la conjoncture mondiale. Pour faire face aux challenges et réaliser ses ambitions, la BAD peut s’appuyer sur un ensemble de partenaires, car comme l’affirme le président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), Sidi Ould Tah : « aucune institution ne peut répondre de manière significative aux besoins des Africains à elle seule. Il est nécessaire de nouer des partenariats entre les institutions. Les partenariats peuvent avoir un effet multiplicateur en termes d’impact ».

Les douze prochains mois marqueront les derniers instants d’Akinwumi Adesina à la tête de la BAD, lui qui a rejoint la Banque en 2015 et dont la réélection en 2020 n’a pas été sans suspens. Loin des caméras et des micros, sa succession fait déjà l’objet de nombreuses concertations informelles. Et cette dernière ligne droite, le bureau du conseil des gouverneurs sera présidé par la Côte d’Ivoire, avec deux vice-présidences à savoir, la Chine et la République démocratique du Congo (RDC)

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