Présidentielle au Tchad : Dix dossiers de candidature invalidés par le conseil constitutionnel

Darrelle MAMBA
Darrelle MAMBA

Le Conseil constitutionnel tchadien a rejeté dimanche les candidatures des principaux opposants au pouvoir en place, invoquant des irrégularités administratives. Cette décision survient moins d’un mois après la mort de Yaya Dillo Djérou, principal rival politique du général Déby, dans des circonstances controversées.

Dix candidatures, dont celles de Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh, farouches opposants à la junte au pouvoir, ont été invalidées par le Conseil constitutionnel. Celui-ci a déclaré que leurs dossiers étaient « non conformes » et « irrecevables » en raison d’irrégularités dans les pièces administratives requises.

Cette décision a suscité de vives réactions parmi les candidats rejetés et leurs partisans. Nassour Ibrahim Koursami a dénoncé un manque de volonté politique de la part du pouvoir en place, affirmant que cette mesure visait à éliminer une opposition crédible dans les urnes.

Rakhis Ahmat Saleh a qualifié cette invalidation de « véritable forfaiture » et a accusé le Conseil constitutionnel de manœuvres visant à écarter des candidats « sans raison valable ». Ces rejets de candidatures ont été critiqués par des constitutionnalistes locaux, remettant en question la neutralité du Conseil constitutionnel.

La mort de Yaya Dillo Djérou, survenue le 28 février lors d’un assaut contre le siège de son parti par des militaires, a exacerbé les tensions politiques dans le pays. Son décès a été largement contesté par l’opposition, qui l’a qualifié d' »assassinat » destiné à éliminer un concurrent politique gênant. Le gouvernement a nié ces accusations, mais cela a alimenté les suspicions et le mécontentement à l’approche de l’élection présidentielle.

Dans ce climat de méfiance croissante, l’appel au boycott de l’élection présidentielle lancé par la plateforme Wakit Tamma souligne les inquiétudes concernant la légitimité du processus électoral. Cette plateforme a dénoncé l’organisation d’une « mascarade » électorale visant à perpétuer une « dictature dynastique », critiquant notamment le rôle de l’Agence nationale de la gestion des élections et du Conseil constitutionnel, qu’elle considère comme des « organes de fraude ». Alors que la date du premier tour de l’élection présidentielle est fixée au 6 mai, le rejet des candidatures de l’opposition et les soupçons entourant la mort de Yaya Dillo Djérou laissent planer un climat d’incertitude et de méfiance quant à la transparence et à l’équité du processus électoral au Tchad

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