Sénégal : le conseil constitutionnel s’oppose à la décision de Macky Sall.

Wilfried Stéphane ALLOGO
Wilfried Stéphane ALLOGO

La Conseil

constitutionnel sénégalaise a invalidé jeudi 15 février le report de la présidentielle du 25 février au 15 décembre, plongeant dans l’inconnu le pays, en proie à l’une de ses plus graves crises politiques depuis des décennies.

Cette décision historique ouvre des lendemains extrêmement incertains pour ce pays qui s’est toujours vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques. Le président Macky Sall avait indiqué la semaine passée qu’il aviserait sur les conséquences d’une éventuelle invalidation.

La Cour a déclaré contraire à la Constitution la loi adoptée le 5 février par l’Assemblée nationale qui repoussait l’élection de dix mois et maintenait Macky Sall à son poste jusqu’à la prise de fonctions de son successeur, selon un document publié sur les réseaux sociaux signé par le ministre- coordinateur. La Cour a par ailleurs annulé le décret présidentiel qui, de facto, modifiait le calendrier électoral, trois semaines seulement avant l’échéance.

Elle constate « l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle à la date initialement prévue » du 25 février, compte tenu du retard pris par le processus, et « invite les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais ». Cet ajournement avait provoqué une levée de boucliers de la part de l’opposition et de la société civile, qui ont crié au « coup d’État constitutionnel ».

Le président sénégalais a suscité des manifestations à la suite desquelles trois personnes ont été tuées et des dizaines arrêtées. Des partenaires importants du Sénégal, inquiets du risque de violence, ont appelé le gouvernement à tenir l’élection le plus rapidement possible.

« C’est une décision qui remet le Sénégal dans sa trajectoire normale. Je ne suis pas surprise parce que c’était trop gros tout ce qu’il se passait », a déclaré à l’AFP l’ancienne première ministre Aminata Touré, qui a rejoint les rangs de l’opposition. « Nous constatons que le droit a été dit », a réagi Déthié Fall, un opposant candidat à la présidentielle, qui s’est dit « heureux » de la décision.

Plusieurs centaines de membres de l’opposition, plus d’un millier selon certaines organisations de défense des droits humains, ont été arrêtés depuis 2021.

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